Choisir son tambour

L’approche traditionnelle ne nous parlerai pas de choisir un tambour, mais plutôt de répondre à son appel. C’est en fait le tambour qui vous choisit. C’est la vie dans son mystère et les esprits qui viennent vous offrir un tambour. Un jour il vient à vous, vous êtes ému, parfois aux larmes, votre ventre résonne et votre cœur palpite avec lui.

Cette page vous est proposée pour donner des repères et des éléments techniques, sachant qu’il n’y pas de règle définitive. L’essentiel étant que vous aimiez votre tambour, qu’il remplisse sa fonction efficacement et durablement.

Faire son tambour soi-même lors d’un stage ?

Actuellement, circule cette idée qu’il faut fabriquer soi-même son tambour pour y mettre son énergie. Ce n’est que partiellement juste : pour « y mettre votre énergie », votre tambour doit être consacré. Quand tel est le cas, ce n’est plus important si c’est vous ou un spécialiste qui l’a fabriqué… car dès lors votre relation se situe au-delà de cette considération. Cliquez ici pour plus de détails sur la consécration.

Ceci étant précisé, un stage de fabrication de tambour est souvent une belle expérience initiatique. Pour certaines personnes, ce sera essentiel de passer par là et de mettre les mains à la pâte (surtout pour les bricoleurs créatifs !). Un tel stage peut aussi permettre de découvrir l’univers du tambour et faciliter le démarrage de votre pratique. Les approches des propositions de stage, bien qu’a priori similaires, peuvent être très différentes. Assurez-vous que celle que vous choisissez correspond à vos attentes.

Acheter un tambour

En achetant un tambour auprès d’un artisan ou d’un revendeur sérieux, vous avez la garantie d’un tambour bien monté, bien tendu, sachant que si vous avez un souci vous pourrez toujours retourner le voir. Un tambour d’artisanat français se paye bien souvent le double des tambours d’importation. Chez ces derniers on trouve de tout, du tambour « à touristes », à quelques tambours hauts de gamme, le tout à des tarifs allant de 60 à 400€, les plus chers n’étant pas forcément les meilleurs !

Privilégiez dans tous les cas l’affinité avec le vendeur ou l’artisan, et le feeling que vous aurez avec le tambour et sa sonorité.

Le son du tambour

Le son peut être très différent d’un tambour à l’autre, mais aussi pour un même tambour suivant la tension de sa peau et la manière d’en jouer. Les facteurs déterminant le son d’un tambour sont multiples :

  • la tension de la peau, variant avec la température et l’humidité ambiantes
  • le type de mailloche utilisée et la façon de jouer
  • la taille et le poids du cadre
  • l’épaisseur, la régularité et le type de peau
  • l’équilibre et la qualité du montage

Bien souvent je conseille aux personnes qui choisissent un tambour de d’abord mettre leur mental de coté (…), puis se laisser attirer par l’objet lui-même, qui a son langage propre et saura vous appeler si vous avez un bout de chemin à vivre ensemble. Ensuite, écoutez sa sonorité : ce langage devient chant et parle de là où il vient vous chercher… Enfin il est toujours possible d’essayer avec une autre mailloche ou de changer la tension de la peau pour se rapprocher du son recherché.

La peau

Une peau de tambour peut être de très fine, comme une feuille de papier 200g, à très épaisse jusqu’à 5mm ! Cela va jouer énormément sur le son, sans compter le grain sonore propre aux peaux de chaque animal.

On croit souvent que plus la peau est épaisse, plus le son est grave. Ce n’est pas tout à fait juste et mérite d’être précisé. En lutherie on sait que plus une table d’harmonie (en occurrence la peau) est épaisse, à tension égale, plus le son est aigu.

Plus une peau est fine plus elle sonne dans l’ensemble du spectre sonore, des basses aux aigus. On entendra les basses et les harmoniques aiguës du son, qui amènent un son « brillant » (comme un gong). Une peau épaisse quand à elle aura un spectre sonore moins large, condensé dans le bas du spectre, mais pas aussi bas qu’une peau fine ! Sa sonorité parait plus basse parce que moins brillante, plus matte, chaude et ronde.

Pour débuter…

Les tambours au son brillant riche en harmoniques sont bien adaptés aux soins sonores, à la méditation, aux percussionnistes et chanteurs. Les peaux fines sont naturellement plus fragiles et sensibles aux variations de température et humidité. Elles me paraissent moins adaptées pour qui va jouer beaucoup en extérieur, à moins que la tension soit adaptable. Bien que ce ne soit pas universel, ceux qui débutent en chamanisme pourront généralement se tourner vers plus épais avec un son activant le bas du corps et les forces de vie. Une peau plus épaisse sera aussi plus robuste, et pourra même aller dans les huttes de sudation. Dans ce dernier cas un tambour double peau sera encore plus adapté.

La tension de la peau

C’est un élément essentiel : est-ce qu’au montage la peau a été bien travaillée et bien tendue ? Est-ce que la tension sera pérenne dans le temps ? Pourrais-je au besoin retendre mon tambour ? Avec rapidité et facilité ?

Cela dépend du monteur et du type de montage. Les montages classiques amérindien en croix ne permettent pas d’être retendus sans refaire entièrement la tension après mouillage. D’autres montages s’ajustent par tressage (généralement comme les djembés) ce qui demande un minimum de compétence en bricolage (ou macramé, couture…). D’autres montages offrent des systèmes de tension instantanée (vis dans le cadre, chambre à aire, bagues de tension). Sur ce site je propose les montages amérindien, « cercle sacré » avec tressage + tension instantanée avec des bagues de cuir.

Traditionnellement les peaux sont chauffés au soleil ou près du feu pour être retendues et jouables. Si l’on chauffe trop la peau et qu’elle est trop tendue, elle travaille et se détendra davantage en refroidissant. Il y a ainsi le risque qu’on la chauffe encore plus la fois suivante, qu’elle se relâche encore davantage… puis que le tambour devienne difficilement utilisable.

Je considère que l’on doit pouvoir utiliser son tambour quand on en a besoin, pour des pratiques spirituelles quotidiennes par exemple. La tension est adéquate quand à notre domicile le tambour sonne, qu’il fasse chaud, froid, humide ou sec. Si vous voulez qu’il sonne en extérieur en toute circonstance, je vous conseille d’opter pour un système de tension instantanée.

Le poids et la taille

Un tambour peut peser de 300g à plusieurs kg, selon sa taille, le type de cadre et le bois utilisé. Les peaux épaisses peuvent ajouter un poids non négligeable. Le poids est à prendre en compte si l’on envisage de jouer son tambour pendant de longues pratiques, le tambour à « bout de bras ». On mesure la taille du tambour par son diamètre, qui varie de 30 à 50cm pour les tailles les plus courantes, et jusqu’à plus d’un mètre pour les tambours géants ou tambours de cérémonie. Bien sur le poids est aussi fonction de la taille du tambour.

Plus un tambour est grand, plus il a un potentiel de graves et de longueur de résonance. A l’inverse la taille diminuant, on va vers plus d’aigu et moins de résonance. Un poids considérable ajoutera du « coffre » au son en amenant une assise aux sons graves. Un cadre léger amènera moins de basses, avec un son plus aérien. Tout cela est à moduler avec le type de peau utilisée. Ainsi malgré ces règles générales, un tambour de 40cm peau fine pas très tendue, peut être plus grave qu’un tambour de 50 avec une peau épaisse très tendue.

Pour débuter…

Quelqu’un qui bouge beaucoup avec son tambour aura plus de confort avec un 35 à 40cm, pas trop lourd. Une personne avec des bras tous fins, des problèmes musculaires ou articulaires préférera un tambour très léger (500 à 800g). Dans les autres cas le choix dépendra surtout de votre coup de cœur !

Le cadre

Techniquement il y a plusieurs types de cadres de tambours :

  • Cintrés : une planche de bois est courbée sur elle-même et collée. C’est la méthode traditionnelle qui donne des cadres légers et résistants.
  • Lamellé-collé (façon tonneau) : plusieurs pièces de bois sont collées entre elles, avec 8, 12, 16 côtés ou plus jusqu’à former un rond après usinage. Souvent plus lourd que les autres méthodes. Bien adapté pour des tambours double-peau à caisse longue.
  • Multi-plis : plusieurs fines plaques de bois sont cintrées et collées les une sur les autres. Bien fait c’est très résistant.

Pour ma part je propose des cadres cintrés. Ils produisent naturellement un mouvement d’énergie qui, bien orienté, est très intéressant.

Je vous invite à vérifier la finition du cadre, déjà pour sa solidité, mais aussi pour le son. L’arête sur laquelle repose la peau doit être bien nette et régulière et conçue de façon à ne pas entrainer de vibrations parasites.

La mailloche

C’est important d’avoir une bonne mailloche, adaptée à votre tambour et au son que vous aimez. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez très bien passer à côté du son de votre tambour. Le mieux est d’en essayer plusieurs. On peut avoir plusieurs mailloches en fonction des situations et des sonorités recherchées.

Deux facteurs sont a prendre en compte. Le poids de la mailloche et de son pommeau (la « boule » en contact avec la peau), qui doit être proportionné en fonction de la taille du tambour et l’épaisseur de la peau, sans quoi le son sera « écrasé » (mailloche trop lourde), ou trop léger (mailloche trop légère). Ensuite on doit s’intéresser à la dureté du pommeau de la mailloche : très dur il fera toc-toc, trop mou il fera… pas grand chose !

Souvent les pommeaux des mailloches sont faits avec de la laine ou du coton, laissés tel quel ou recouverts de peau, cuir, feutrine. Pour ma part j’utilise coton, laine de mouton, cuir et feutrine naturelle, le tout sans colle.

La symbolique du type de bois et de peau

On me demande souvent quelle est la symbolique d’une peau de cerf, bison ou cheval, ou d’un cadre en chêne, frêne, hêtre ou noyer… Si chaque espèce a ses spécificités, cela est très différent d’un même cerf à l’autre, si c’est une biche, et selon la partie de la peau utilisée. Deux cadres de la même essence, a priori identiques, vont porter une énergie différente. De la même manière que dans une fratrie, il y a quelque chose de commun, et tous sont pourtant différents. On le voit très bien dans les stages de fabrication quand on choisit les éléments du tambour.

Un tambour destiné à des pratiques spirituelles aura une présence résultant de l’union du bois et de la peau. C’est cette rencontre qui me parait essentielle pour quiconque choisit un tambour. Elle passera par votre ressentit et ne pourra pas se limiter à des concepts symboliques. Cette rencontre vous mène vers vous-même.

Lors de la consécration du tambour, son esprit nait véritablement dans la dimension spirituelle. Sa présence se déploie alors bien au-delà de la vibration du bois et de la peau.

Ceci étant dit, voici quelques généralités quand aux qualités des peaux et bois. Elles sont issues de mon expérience, vous trouverez sur internet si vous le souhaitez des aspects plus académiques.

Cerf / biche : force de l’axe, connexion et énergie subtile, sensibilité à l’environnement

Bison : terre, ancrage, cocon de sécurité, douceur et force profonde

Cheval : puissance, noblesse, feu, voyage

Veau : grande douceur, force, ancrage, joie, abondance

Daim : connexion et énergie subtile, lumière solaire, clarté et direction

Chèvre / bouc : feu, action, force, joie, puissance (bouc)

Chêne : feu, soleil, énergie, force, assise, noblesse

Frêne : lumière, connexion, mouvement, énergie

Hêtre : joie, douceur, feu doux, authenticité

Noyer : eau, force de l’émotion, profondeur, mystère

Merisier : feu, joie, direction

Cèdre : lumière, force douce et tranquille, médecine